L’Ukraine : l’art de l’innovation militaire improvisée

Dans un contexte de conflit où l’ingéniosité est souvent la clé de la survie et de la victoire, il apparaît que l’Ukraine excelle dans l’art de transformer le conventionnel en outil de guerre non conventionnel. La dernière innovation en date concerne l’adaptation d’ULM Aeroprakt A-22, des appareils de fabrication nationale, en missiles de croisière improvisés, capables de franchir des distances supérieures à mille kilomètres. Cette approche, que l’on pourrait qualifier de « guerre du pauvre », démontre une capacité à réagir avec rapidité et ingéniosité face à des menaces imminentes.

Cet usage détourné d’aéronefs civils n’est pas sans précédent. L’histoire récente nous a montré, en février 2021, comment l’Azerbaïdjan a utilisé des Antonov 2, de vieux biplans, pour tromper les défenses anti-aériennes de l’Arménie. Ces actions, bien que rudimentaires, s’avèrent être des stratégies efficaces dans le cadre d’un conflit asymétrique. L’Ukraine, apprenant de telles tactiques, a franchi une nouvelle étape en dotant ses ULM d’explosifs ou en les transformant en bombardiers bon marché grâce à l’ajout de bombes et de systèmes optroniques simples.

La philosophie derrière ces adaptations est simple et pragmatique. Elle remet en question la pertinence des missiles de croisière à un million d’euros pour certaines missions et suggère l’emploi de solutions plus économiques et discrètes. Les réalités tactiques et géographiques uniques d’un pays comme l’Ukraine permettent l’utilisation de moyens autrement inimaginables dans des zones plus restreintes ou fortement réglementées.

L’économie en défense prend ici tout son sens, entraînant une réévaluation des coûts et des besoins en matériel militaire. Prenons exemple sur les moteurs Rotax, souvent montés sur les drones kamikaze utilisés par divers belligérants. Ces moteurs, conçus pour durer, se retrouvent sacrifiés dans des vols sans retour, incitant à une réflexion sur la durabilité et l’utilisation des technologies disponibles.

L’inventivité ne s’arrête pas là. L’Ukraine innove également avec son missile Trembita, qui utilise un pulsoréacteur simple mais efficace. Cette technologie, bien que datant de près d’un siècle, démontre encore une fois que la simplicité peut être la clé de l’efficacité en temps de guerre, et ce, pour un coût modique.

Concept Portée Coût
Missile Trembita à pulsoréacteur 140 km 10 000 dollars

Pour de nombreux pays occidentaux, rompus à des doctrines militaires où la sophistication technologique est souvent synonyme de qualité, l’efficacité éprouvée de solutions basiques pose un véritable défi idéologique et opérationnel. Mais une chose est certaine, malgré leur efficacité, ces bricolages ingénieux de l’Ukraine restent, pour l’heure, éloignés des préoccupations des propriétaires de vieux coucous dans des hangars occidentaux. La fonctionnalité primaire reste leur sauvegarde.

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